Dans le secteur agricole, on distingue les rations fourragères et les concentrés. Ces derniers sont des produits locaux ou issus de produits dérivés importés, les fourrages sont généralement conservés en silos. Les 2 types de ration peuvent être contaminées par les mycotoxines, mais sont elles vraiment un danger pour le bétail?
Danger de mycotoxines: fourrage ou concentrés?
Concentrés
Ils contiennent principalement des toxines du genre Fusarium (DON, T2, ZEA, AFLA, OCHRA), issues du développement de champignons pendant la croissance.
Fourrage
- L’absence de champignons ne prouve pas l’absence de mycotoxines, ni vice-versa. On a déjà détecté plus de 80 champignons dans les silos, mais tous ne produisent pas des mycotoxines.
- Les levures des champs (p ex Fusarium) ne survivent pas en silos, car elles nécessitent de l’oxygène; de plus, le ph du silo est trop acide. Dans des silos de mauvaise qualité, c’est autre chose!
- Les champignons rencontrés en silos ne sont pas les mêmes que ceux trouvés sur le terrain: ce sont surtout des Penicilliums, Monascus Ruber (le rouge) et A. Fumigatus (uniquement dans le sud de l’ Europe). Ils produisent entre autre l’acide pénicillinique, la Roquefortine C, de l’acide mycophènolique, de la fuminosine, du Patulin et la toxine PR. Ce sont surtout ces derniers qui, présents dans les concentrés, perturbent la flore de la panse, et non les “mycotoxines traditionnelles”.
Impact des mycotoxines sur la panse
- Métabolisation rapide dans la panse: métabolites secondaires forts ou faibles
- DON: rapidement transformé dans la panse en produits moins dangereux. Mais la détoxification se déroule moins bien en présence de SARA ou d’acidose. Les effets de DON sont: moins de graisses, métrites, fourbures et mauvais état général.
- ZEA: élimination rapide dans la panse(90% endéans les2-3h), mais transformé en produits plus toxiques, e.a. en beta-zearalenol (et non en alpha). Ce sous-produit perturbe le fonctionnement des oestrogènes et donne des problèmes de fertilité. La panse exacerbe donc l’influence des mycotoxines!
- Aflatoxine n’est pas rapidement éliminée dans la panse, mais vite transformée en alfatocicol, puis en alphatoxine M1, qui s’accumule dans le lait. Donc la panse détoxifie!
- Ochratoxine A: métabolisée dans la panse, mais peu de symptômes cliniques visibles, probablement dû à une concentration trop faible. A également un effet sur les reins.
- Passage par le rumen, sans perturber son fonctionnement
- Acide mycophénolique : une des mycotoxines les plus immuno suppressives. Est utilisée en médecine humaine pour inhiber le système immunitaire, par ex lors de transplantation ou d’auto-immunité.
- Fuminosine B1 : passe au travers de la panse intacte. Comme son absorption par les intestins est minime (sauf si trouble intestinal), on notera peu d’effets négatifs.
- Jouent un rôle antibacterien dans le rumen et diminuent ainsi le bon fonctionnement de la panse, de SARA et de la productivité laitière
- Patulin a un large spectre anti bactérien ,aussi bien dirigé contre les Gr + que Gr-. Il a déjà une activité anti microbienne à faible concentration
- PR toxin en Roquefortine C (produit par P.Roqueforti) sont un indicateur d’une invasion de champignons dans de silo. Roquefortine C est neurotoxique, ce qui fait croire que le rumen ne la détruit pas.
Nouvelles mycotoxines assez intéressantes
Acide mycophénolique en Roquefortine C sont des mycotoxines trop souvent sous-estimées (et rarement analysées dans un silo). Une étude du NIDO en 2005 sur des silos de mélanges d’herbe et de mais (rapport en quantités identiques à celles de la ration) révèle les valeurs suivantes dans le tableau 1. Mais on ne connait pas encore exactement les valeurs critiques maximales. Et étant donné que l’acide mycophénolique est utilisé en médecine humaine comme inhibiteur du système immunitaire, ça ne promet rien de bon!
Tableau 1: Taux Roquefortine et Acide mycophénolique (µg/kg) en silos et des produits secondaires ensilés.
Roquefortine C |
Acide mycophénolique |
|||||
% pos |
Moyenne |
Max. |
% pos |
Moyenne |
Max. |
|
Silo* |
19 |
778 |
3160 |
13 |
524 |
2630 |
Produits second. ensilés |
7 |
123 |
170 |
10 |
66 |
83 |
* herbe/maïs mixte
Diagnostique différentiel
Pour les bovins, ce sont surtout les toxines en silos qui sont dangereuses car elles perturbent le rumen.
Comment votre vétérinaire sait-il poser un diagnostique?
Cela prend du temps d’analyser le silo ,et il faut demander les toxines exactes
Une autre méthode est de mettre la flore ruménéale en valeur. Seul votre vétérinaire en est capable.Ceci est donc bien la preuve qu’il est le mieux placé pour vous conseiller sur le terrain.
La flore du rumen, est très sensible aux variations de température. Il faut effectuer les bons préparatifs.
De quoi avons nous besoin :’une aiguille 14G, une seringue jetable de 20cc, un microscope, ainsi que des lames porte, et couvre -objet à température ambiante, et un Ph mètre.
Laisser votre vétérinaire prendre quelques échantillons sur des bêtes différentes: les résultats vous surprendrons de par leur diversité. Les moyennes vous montreront clairement les problèmes au niveau de la panse dans un troupeau. Il faut bien fixer l’animal, le raser, le désinfecter, ce qui va de soi!
Vous voyez l’endroit à ponctionner sur l’image ci-dessous
Gardez l’aiguille remplie à t°ambiante.
Le vétérinaire laisse couler une goutte sur la lame porte-objet et examine l’échantillon sous microscope. Il ne les prépare pas tous au même moment.
La panse, cuve de fermentation, doit resplendir d’activité. Comme vous voyez sur la plus petite résolution.
pensferm
Si le rumen travaille moins bien, vous obtiendrez ceci:
pensnotfunc
Ou une micro flore totalement inexistante.
pensmicroflora
Ensuite, le VT mesure le PH du rumen.
De cette manière, vous aurez une idée exacte du fonctionnement du rumen, et du rôle ou pas des mycotoxines.
Je voudrais attirer votre attention sur le fait que c’est DVS qui a développé Bovisel. Lire la notice ci-jointe.
Jos Van Eecke
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